MAPUTO – Alors que la Guinée dispute à Maputo un match sans véritable enjeu face au Mozambique, le sélectionneur du Syli National, Paulo Duarte, s’est exprimé sur les principaux défis de son équipe, les changements envisagés et les priorités pour les années à venir.
Sans détour, le technicien portugais a livré son analyse dans un entretien publié par la Fédération guinéenne de football, à quelques heures de la 9ᵉ journée des éliminatoires de la Coupe du monde 2026.
Coach, la Guinée joue ce jeudi soir contre le Mozambique. Comment analysez-vous cette rencontre ?
Paulo Duarté : Le Mozambique a une bonne équipe, qui nous a battus à l’aller. C’est une formation avec ses qualités, mais aussi ses faiblesses
Mais au-delà de l’importance de ce match ou de celle de l’adversaire, c’est surtout l’avenir qui compte. Comme vous le savez, je suis arrivé il y a environ un mois et demi. En si peu de temps, j’ai trouvé une équipe obligée d’être complètement renouvelée, avec 17 absences. Aujourd’hui encore, nous avons d’autres absents comme Mouctar Diakhaby et Issiaga Sylla. C’est une situation anormale, mais c’est notre réalité, ma réalité.
Ce qui m’intéresse maintenant, comme je l’ai déjà dit, c’est de renouveler l’équipe, de rajeunir l’effectif, de lancer une nouvelle génération. Mais pour cela, il faut du temps.
Tant que l’entraîneur n’a pas de temps, il ne peut rien construire. Dans un club, un entraîneur dirige 32 à 34 matchs par an, sans compter les coupes. Cela lui permet de travailler son équipe, son modèle d’entraînement et son modèle de jeu. En équipe nationale, on n’a que 5 ou 6 matchs par an.
Donc, si je veux bâtir une équipe pour l’avenir, compétitive le plus rapidement possible, tout en opérant une large rénovation, j’ai besoin d’une perspective d’au moins 7 à 9 mois. Les éliminatoires de la prochaine Coupe d’Afrique des Nations commenceront peut-être en mars ou en juin. D’ici là, nous aurons seulement deux ou trois matchs — peut-être officiels, peut-être amicaux. Je suis donc obligé de profiter de ces rencontres, y compris celles de novembre, pour évaluer et analyser le maximum de joueurs possibles, et identifier ceux qui pourront nous être utiles à l’avenir.
Nous avons beaucoup de jeunes, beaucoup de quantité, mais nous n’avons pas encore convaincu tout le monde.
Après le mois de novembre, après la trêve internationale, je compte aller à la rencontre de quatre, cinq ou six joueurs personnellement. C’est important. C’est ça mon projet : travailler aujourd’hui pour récolter demain. Même si cela se retourne contre moi, je le ferai, parce que je défends avant tout les couleurs de la Guinée.
Ce qui m’importe, c’est la Guinée et son avenir. Les corrections doivent se faire dès maintenant, même si cela signifie que je dois me priver de ma “meilleure” équipe pour tester de nouveaux joueurs. Peut-être que je me fais du tort, mais je sais que, sur le long terme, la Guinée sera gagnante.
C’est ça le plus important : je travaille pour l’avenir, même si je souffre aujourd’hui, même si je suis le premier responsable. Je sais qu’à long terme, la Guinée va gagner.
Aujourd’hui, nous allons changer quatre ou cinq joueurs. Nous avons obtenu de bons résultats récemment. Nous n’avons pas fait le plein, mais nous n’en étions pas loin : sur six points possibles, nous en avons pris quatre. Le match contre l’Algérie, par exemple, nous pouvions le gagner. Mais je veux donner l’opportunité à tout le monde de montrer sa valeur, de voir sur qui je peux compter pour l’avenir.
Bien sûr, l’objectif reste de gagner, d’aller chercher cette deuxième place, même si c’est difficile, car nous avons deux adversaires devant nous et la situation était déjà compliquée en arrivant. Mais pour moi, le plus important, c’est de construire, de reconstruire une équipe nouvelle.
Le groupe commence à être solide, à poser des problèmes de choix dans le onze de départ ou la liste des convoqués — et c’est une bonne chose. C’est cette “bonne douleur de tête” que je veux. Nous venons de commencer, le chemin sera encore long, car on ne bâtit pas une équipe compétitive en deux ou trois matchs. J’ai besoin de temps, et pour moi, ce temps commence dès maintenant, malgré les difficultés qui nous attendent.
La 9ᵉ journée des éliminatoires a officiellement démarré hier sur le continent, avec la victoire du Cameroun, qui termine parmi les quatre meilleurs deuxièmes. La Guinée est désormais éliminée de la course au Mondial. Est-ce que l’objectif, maintenant, c’est déjà de se projeter vers les prochaines échéances internationales ?
Oui, exactement. Comme je l’ai dit, l’objectif, c’est de projeter la Guinée vers l’avenir. On ne peut pas pleurer ce qui s’est passé avant mon arrivée, on ne peut pas regretter ce qu’on n’a pas réussi. C’est du passé. Il faut regarder devant, regarder vers l’avenir, vers la prochaine génération.
Il y a beaucoup de joueurs qui arrivent en fin de cycle, mais aussi beaucoup de jeunes prêts à venir, d’autres qu’il faut convaincre de rejoindre le projet. L’idée, c’est de préparer cette nouvelle génération et de bâtir une équipe compétitive pour les prochaines compétitions : les éliminatoires de la Coupe du monde et ceux de la Coupe d’Afrique des Nations. C’est notre priorité, notre premier objectif : faire de la Guinée une équipe complètement différente.
Différente par le renouvellement des joueurs, bien sûr, mais aussi par la mentalité.
Je peux vous dire une chose : tout ce qui se passe dans notre groupe ne doit pas sortir à l’extérieur. Avant, c’était parfois différent, mais désormais, cela va changer. Tout ce qui se dit ici — les bonnes choses comme les mauvaises — doit rester entre nous.
Quand je parle de construire un groupe solide, je parle d’un groupe uni, d’un groupe d’amis, d’une famille. Et dans une famille, les problèmes se règlent à l’intérieur. On ne les raconte pas dehors — ni à un ami, ni à un journaliste.
Je veux verrouiller le vestiaire. Le joueur qui ne comprendra pas que ce qu’on dit dans le vestiaire aura des difficultés avec moi. Parce que je veux une équipe forte, solidaire et de qualité. Et pour avoir une équipe de qualité, il faut d’abord un groupe uni, fort, qui garde sa cohésion et sa confidentialité.
Un message particulier que vous avez à cœur et que vous aimeriez partager ?
Je veux dire aux supporters que nous travaillons pour l’avenir. Je leur demande de nous faire confiance et d’avoir un peu de patience. Nous avons des résultats aujourd’hui, mais nous savons qu’ils reposent sur une ligne fragile. L’équipe est en pleine reconstruction : près de 50 % du groupe est nouveau. Cette équipe a besoin de temps, et nous prions pour que les bons résultats continuent, comme lors du dernier match.
Ce qui nous intéresse, c’est le résultat de demain, celui de l’avenir, dans sept ou huit mois. Et cela dépendra aussi du soutien des supporters, de la presse et du public guinéen. Notre plus grande force, c’est de jouer à domicile, devant notre public. C’est à la maison qu’on construit les qualifications, pour la Coupe du monde comme pour la CAN. Jouer à Conakry, pour moi, c’est l’objectif essentiel si nous voulons réussir avec cette jeune génération qui émerge.
Je suis confiant, parce qu’aujourd’hui le groupe répond présent. Les joueurs ont compris le message d’exigence, de discipline et l’importance d’être sérieux quand on porte le drapeau de la Guinée. C’est ce qui compte le plus pour moi : que le message passe.
Bien sûr, il y a encore des choses à corriger. Comme je l’ai déjà dit, je veux un groupe soudé, fermé, uni. Ceux qui ne peuvent pas adhérer à cette philosophie ne continueront pas. Je ne veux pas d’un joueur à qui je donne une consigne ou une correction, et qui en parle à la presse quelques heures plus tard. Ce n’est pas mon esprit.
Ce qui m’intéresse, c’est d’avoir un groupe uni, solide, et qui garde ses affaires à l’intérieur. Nous sommes une famille, et les choses de la famille doivent rester dans la famille.
Nous y reviendrons !
Siddy Koundara Diallo
Pour Africaguinee.com
Créé le 9 octobre 2025 12:40
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